reportage Mon Festival d’été 2011
Dimanche le 17, dernier soir du festival d’été, Mat Fraser était à l’affiche à la Casbah. En trio avec Carl Mayotte à la basse et Jean Boivin à la batterie, Fraser nous fait revisiter le blues rock à sa manière. Stevie Ray Vaughan, John Lee Hooker, Hendrix sont à l’honneur et il y a une belle progression dans le spectacle, quand je suis partie à la pause, on venait d’entendre un Voodoo Chile éclaté, très énergisant. Mon coup de cœur, je sais je dis toujours que je n’aime pas les boogies, mais franchement, j’en ai entendu un qui date des années ’40, adapté au son Mat Fraser que j’ai beaucoup aimé.
Voilà qui terminait mon festival d’été 2011, bravo à toute l’équipe pour cette belle réussite et pour avoir mis le blues à l’honneur dans cet événement d’envergure. Les affluences à tous les spectacles montrent bien que le blues est une musique qui rassemble. Beaucoup de gens aiment le blues, il suffit de leur fournir un endroit agréable pour l’écouter et quant à moi, la Casbah remplit les critères pour ce faire.
Samedi le 16 juillet Cécile Doo-Kingué était à la Casbah. Un trio composé de la guitariste de Montréal, de Tricia Foster, bassiste et d’Éric Thibodeau à la batterie. Soirée agréable, tout en douceurs, propos et rythmes ensoleillés, aux antipodes de ce qui se passait sur les Plaines avec Metallica. Excellente guitariste, Doo-Kingué doit ses premières influences à T-Bone Walker et Freddie King. Elle nous a fait un très beau Love Her With a Feeling et a navigué sous d’autres cieux que le blues, elle a fait quelques chansons en français et a puisé dans ses racines camerounaises, le tout assaisonné d’humour. Je suis partie tôt, le festival a presque eu raison de moi, mais semble-t-il que nous aurons l’occasion de la revoir. Je ne vous dévoilerai donc pas certains punchs, comme par exemple de quel genre de percussions elle s’est servie pour s’accompagner lors d’une chanson ou quelle est la cause qui lui tient beaucoup à cœur.
Jeudi le 14 juillet au pigeonnier, Oli Brown, jeune guitariste anglais de 21 ans, débutait le spectacle blues du festival d’été en haute ville, au pigeonnier. Quatre fois en nomination pour les British Blues Awards, pour lesquels les votes sont présentement ouverts au public, Brown a présenté une prestation pleine d’énergie blues rock.
Matt Schofield suivait pour une trop courte présence, j’en aurais pris le double. En trio avec un batteur et un claviériste, il est considéré comme un des 10 meilleurs guitaristes anglais de tous les temps. Plus sobre dans le nombre de notes que son jeune prédécesseur, Schofield a donné un spectacle qui a fait l’unanimité dans mon entourage: une merveille de bons blues joués avec talent. VIDÉO
Puis, Buddy Guy, LE Buddy Guy. Celui qui fait deux notes sur sa guitare pendant un solo du claviériste et ces notes nous voyagent jusque dans la moelle épinière. Je disais à mes amis que j’allais à ce spectacle surtout pour voir les deux premiers guitaristes et par curiosité pour le jeune Sullivan. Mais j’avoue qu’une fois en présence du légendaire Buddy Guy, j’ai embarqué à fond dans son jeu, comme la foule du pigeonnier dont on a dû fermer les portes parce que rendu à sa pleine capacité.
Quand on a visionné quelques dvd de ses spectacles, on connait un peu le déroulement d’une prestation de Buddy Guy. Il est souriant, généreux, il interagit avec la foule qu’il chicane un peu quand elle est trop lente à chanter la fin de ses phrases, il commence une de ses célèbres chansons et saute d’un titre à l’autre en plein milieu. Tout ceci était à l’affiche mais du fait que le spectacle n’était pas très long, le tout s’est trouvé bien condensé pour donner quelque chose de très dynamique. Il avait un guitariste accompagnateur, qu’il a laissé faire un solo, mais sans plus et de courts solos de clavier et de batterie ont ponctué le spectacle. La jeune vedette annoncée, Quinn Sullivan, 12 ans, a ensuite fait son entrée. Comme on le voit sur plusieurs clips youtube, il est le protégé de Buddy Guy depuis son tout jeune âge et franchement, il est impressionnant. Buddy lui a laissé tout le temps pour montrer son talent, il a fait sa chanson hommage à Buddy Guy et il a une belle voix, trop jeune pour sonner blues mais très juste et bien nuancée. Le jeu des duels a été fascinant, Sullivan regarde Buddy Guy dans les yeux et il suit note pour note ce que joue son ainé. Le jeune a un sourire amusé, il est en train de jouer un jeu qu’il aime.
J’ai trouvé ce spectacle très agréable, plein de belle énergie et la soirée en général, sous un ciel clément de juillet, restera un de mes bons souvenirs de mes festivals d’été.
Mercredi le 13 juillet à la Casbah, David Gogo et son bassiste Jay Stephens, tous deux de Colombie Britannique, étaient accompagnés de l’excellente équipe de l’est que Gogo utilise quand il vient dans notre région. Les talentueux Andrew Lamarche à la batterie, Julian St. Martin aux claviers et Becky Abbott à la voix, sont tous de la région d’Ottawa. Une autre très belle performance, beaucoup de slide, beaucoup de compositions, des covers tels que The Thrill is Gone de B.B. King et Hoochie Coochie Man. Gogo change souvent de guitare ce qui nous donne l’occasion de comparer les sons et comme de bons guitaristes étaient à notre table, c’est toujours agréable d’entendre leurs commentaires au sujet des instruments de musique.
Gogo nous a dit qu’il avait joué jusqu’à 3h du matin la veille à Tremblant et s’était levé tôt pour venir à Québec. Il nous disait en accordant sa guitare qu’il la trouvait un peu fatiguée…mais la guitare et lui ont donné une magnifique performance comme toujours de la part de ce musicien. Mon coup de cœur, le long The Thrill is Gone.
Mardi 12, un spectacle attendu par plusieurs, à voir la méga foule qui s’entassait à la Casbah. Il y avait du monde partout, assis par terre et dans tous les coins. Smokin’ Joe Kubek et Bnois King étaient à l’affiche. Je suis encore estomaquée par le son de la guitare de Kubek. Imposant, d’un calme olympien, cheveux au vent devant le ventilateur installé à ses pieds, Kubek saluait les amateurs d’un petit signe de la tête, distribuait des sourires en coin, ne manquait rien de ce qui se passait dans la salle, et…il jouait de la guitare. Et de la slide. C’était assez incroyable d’entendre les sons métalliques harmonieux qui pouvaient sortir de cette machine. Quel heureux mélange, du bon blues bien fort, pesant, en accompagnement de Bnois King, plus « raisonnable » côté son, aux solos à saveur différente, à la voix de crooner. Voix et solos malheureusement un peu noyés dans la prestation de Kubek.
Le spectaculaire batteur avait installé ses cymbales en hauteur, je dirais 6 à 7 pieds de haut et c’était fascinant de le voir à l’œuvre. Il a dit ne pas avoir de raison particulière de jouer de cette manière sinon l’habitude qu’il a de le faire depuis 40 ans. Les musiciens ont 14 cd à leur actif et leur talent s’exprime bien en spectacle. Mon coup de cœur, une pièce lente dont je n’ai pas le titre mais où Kubek glissait son bottle neck et le relevait légèrement juste à la fin de ses passes pour donner un son métallique délicieusement grinçant.
Lundi, 11 juillet, je travaillais jusqu’à 20h et il a plu des cordes en début de soirée. Mais, pour le spectacle de Shawn Kellerman, le mauvais temps s’est suspendu jusqu’au retour à la maison où vraiment le déluge s’est abattu sur la ville. Le trio compte aussi Jim Boudreau à la batterie et James Rasmussen, bassiste. Kellerman a entamé son spectacle avec un instrumental qui débutait assez mollo, pour une minute environ. Ce fut une des rares minutes mollo de la soirée, je vous assure. On s’est fait administrer la médecine Kellerman à haute dose. Il était venu à la Casbah en novembre, la glace était rompue, il semblait se sentir accueilli comme chez-lui, démonstratif et loquace avec le public. Tout y était, les grimaces, les déhanchements, le martyr des vertèbres cervicales et la mare de sueur à ses pieds. On s’y attendait, on le connaît, la soirée a été un déchainement de notes agressives/énergisantes, une dichotomie à laquelle il est difficile de résister. Mais pour plusieurs dans la foule qui faisait salle comble, la découverte a été totale et ils sont, eux aussi, tombés en admiration. Mon coup de cœur: Love is Sweet de son ami et mentor Mel Brown. Kellerman fait peu de slows, mais quand il en fait, ils sont d’autant plus précieux. En fin de spectacle, pour faire monter la pression, comme si c’était possible que ça monte encore, Voodoo Chile a ébloui tout le monde et Turn on Your Love Light de Bobby Blue Bland a terminé le tout. (Thanks to Rebecca for the info.)
Dimanche le 10, paraît-il que Guy Bélanger a créé une commotion à la Casbah au point qu’ils ont dû refuser des gens et que ce spectacle était tout aussi bon que le premier.
Le samedi 9, Guy Bélanger, l’harmoniciste. Franchement je suis en train de réarranger mon top 3 des meilleurs spectacles à la Casbah pour inclure cette soirée. Dans une forme dangereuse, Bélanger nous a fait rire, comme toujours quand il présente ses chansons, pour nous plonger dans l’émotion la seconde suivante par ses superbes créations. Il sait décrire des personnes et des moments importants de sa vie avec un brin de folie drôle qui n’enlève rien à l’importance qu’on sent qu’il accorde à ces gens et à ces expériences.
Magnifiquement accompagné d’André Lachance et de Gilles Sioui à la guitare et de Daniel Gaudreault à la basse, Bélanger sait créer des moments intenses bien soutenus par les solos et les chansons des deux guitaristes. La foule était ravie et les longs applaudissements à la fin de chacune des pièces jouées étaient un signe du plaisir que l’on avait. Les solos de Lachance sont impressionnants, à la steel guitare et à la guitare électrique. Gilles Sioui dont le talent est reconnu, nous fait toujours faire de belles découvertes dans les chansons qu’il nous offre. Mon coup de coeur parmi beaucoup d’autres: Call the Doctor chanté par Gilles Sioui, l’harmonica de Bélanger qui enrobe le tout et l’époustouflant solo de Lachance. La salle était pleine, comme les Plaines…Bélanger, toujours blagueur, nous a félicité du difficile choix que nous avons dû faire entre U2, Elton John…et lui…
Le vendredi 8 Lionel Young Band était à l’affiche. 5 musiciens qui m’ont fait craquer dès la première seconde avec un poignant gospel chanté à capella. Double gagnant de l’International Blues Challenge, Young qui a étudié le violon classique dès l’âge de 6 ans, était accompagné de 2 cuivres en plus du bassiste et du batteur. La salle était pleine, l’ambiance était à la fête et les musiciens donnaient la note avec leur bonne humeur. Le violon électrique avait des sons de guitare accrocheurs et les échanges avec la trompette étaient toujours accueillis par des ovations enthousiastes. Des points marquants: le très beau St-Louis Blues, Mojo Working joué jusque dans la rue, Summertime à la slide.
Le 7 juillet, Mat Fraser faisait l’ouverture de la série blues du Festival d’Été 2011 à la Casbah. Les échos que j’en ai eus étaient au superlatif. Salle à sa pleine capacité, qui a débordé par moments, foule démonstrative et spectacle du tonnerre. Je me promets d’aller le voir en fermeture le 17.