♦ Reportage Keb’ Mo’ au Palais Montcalm le 10 nov. 2012.
Bien je que je sois consciente de la qualité de son talent et de sa réputation internationale, et que j’aime beaucoup sa manière de jouer, Keb Mo n’est pas dans mon top cinq des musiciens de blues, simplement parce que son style est un peu plus folk que ce qui me fait vibrer. Par contre j’ai assisté samedi à un spectacle d’une qualité remarquable et que j’ai adoré. La foule qui remplissait la salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm a offert à Kevin Moore un accueil tellement chaleureux que j’ai vraiment compris à quel point il a des fans amoureux inconditionnels à Québec. De plus, une joyeuse bonne humeur régnait sur la scène en ce dernier spectacle du groupe avant son retour à la maison.
En ouverture, le guitariste est seul sur scène, dans un rayon de lumière, avec sa Dobro. Puis Les Falconer, le batteur, a accompagné Keb Mo en duo pour quelques chansons. Tout en douceur, agaçant subtilement ses cymbales avec ses balais métalliques ou en bois, il a mis en valeur les ballades du guitariste. Entre autres, la très belle Hand It Over que Keb Mo a jouée sur une guitare acoustique. Et, avec les changements de rythmes, venaient les changements de guitare, pratiquement à chaque chanson. Nous en avons vues cinq en tout et j’aime beaucoup cette dynamique de certains guitaristes, on se prend à apprécier et écouter avec attention les différences dans le son des instruments.
Ensuite sont venus s’ajouter Vail Johnson à la basse et Michael Hicks aux claviers pour un éclatant Life is Beautiful en full band. Vail Johnson, dont j’ai beaucoup aimé le travail de précision, nous a fait de très courts solos et on y sentait une telle énergie que j’ai voulu en savoir plus sur lui. Ce qui m’a mené à son site et à cet extrait sur youtube. Un rêve pour les amateurs de solo de basse.
Michael B. Hicks aux claviers, au piano, orgue et à ce que j’ai soupçonné être un synthétiseur, tout en surprises musicales, nous faisait parfois des envolées ad lib mais bien intégrées, pour donner aux chansons de Keb Mo un accent surprenant. D’autres fois, complètement en accord avec le band, il ajoutait à la richesse de l’ensemble.
Les Falconer dont j’ai admiré la subtilité, suit Keb Mo dans tous les chemins qu’il prend, que ce soit à plein régime pour un blues éclaté comme Rita ou tout doucement, sur le bout des cymbales dans des pièces comme Life is Beautiful. Les trois musiciens de Keb Mo nous ont fait entendre leurs solos et aussi leur voix en back vocal mais dans The Door, où chacun a chanté un extrait, nous avons découvert qu’ils avaient tous une voix magnifique. Au rappel, la très punchée Am I Wrong a mis le feu dans la salle et la foule, debout, a dansé jusqu’à la fin, avec la pièce She Just Want to Dance.
Voilà le résumé de ma soirée qui m’a fait découvrir en spectacle un artiste plein de sensibilité, au jeu riche, à la voix touchante avec ce petit cassé fragile, et qui est entouré de musiciens de talent.
♦ reportage Ria Reece Band au Petit Impérial le 9 nov. 2012.
Nous avons profité d’une autre belle découverte offerte par Michel Rochette le 9 novembre au Petit Impérial avec la présence de Ria Reece qui nous a enchantés de sa magnifique voix. Ria Reece, qui a 34 ans mais qui en parait 20, est originaire de Toronto et habite Montréal depuis 2009 et elle nous a présenté ses musiciens et ses chansons dans un très bon français. Le Ria Reece Band qui existe depuis septembre 2011, est composé d’André Chevarie à la guitare, de Guy Robert à la basse et de Martin Laporte à la batterie, ces deux derniers n’étant pas des inconnus dans le blues à Québec puisque nous avions vu Martin Laporte avec Sonny Wolfe, Joe Hell et Kevin Mark et Guy Robert était le bassiste de Greenwood à ses débuts.
Toute de bleu vêtue, de ses escarpins jusqu’à la fleur dans ses cheveux, Ria Reece nous a fait visiter les succès des Tracy Chapman, Temptations et CCR, quelques rythmes soul, un peu de Motown, en plus des beaux blues qu’elle nous a interprétés de sa voix pleine d’éclat ou de velours, selon l’humeur de la chanson.
Bien entourée par ses musiciens talentueux, la jeune chanteuse nous a fait vivre des montées dramatiques comme dans House of the Rising Sun, qui a une valeur particulière pour elle puisque son père la lui chantait quand elle était petite. Ou encore dans la finale d’un très beau slow Backwater Blues de Dinah Washington où la bête de scène, sagement harnachée jusque là, n’a demandé qu’à sortir pour nous donner des frissons.
Nous avons aussi entendu You Can’t Save Her, composée par Ria et André Chevarie et des compositions d’André, The Road et Whisper, tirées du CD du groupe rock montréalais Urbancowboy dont il est le guitariste(ne pas confondre avec le groupe de Québec) se sont aussi intégrées aux interprétations telles que My Babe, All Night Long et I Just Want To Make Love To You, et nous ont donné des moments plein d’énergie. En particulier un trio en rafale, Rollin’ on the Railroad, Good Golly Miss Molly et Don’t Mess with the Kids. Et, pour ajouter à cette belle énergie, l’excellent batteur Martin Laporte nous a offert un long solo qu’il a fait en partie à mains nues, en partie avec ses baquettes sur la scène, sur les chaises, les moniteurs, le pied de micro, le verre à café d’un spectateur, tout en dosant les coups selon la fragilité du matériel choisi. Pour le rappel, un superbe At Last d’Etta James a conclu cette belle soirée.
À ne pas manquer, mercredi le 14 novembre, une autre belle soirée de blues nous attend au Petit Impérial avec la présence attendue de Matt Andersen.