Reportage Studebaker John à la Casbah le 9 juillet 2012
Je me suis confirmé quelque chose à moi-même hier soir, ne pas se fier à ce qu’on voit en arrivant comme matériel sur la scène pour présumer d’un spectacle. Studebaker John était à la Casbah et je suis allée y souper avec ma fille, (oui, c’est possible, on apporte ce qu’on veut et on s’offre le breuvage sur place, c’est relax et on est déjà rendu pour le spectacle). En arrivant, je vois sur scène: une chaise, une valise vintage remplie d’harmonicas, des amplis plus vintage, une basse encore plus vintage, un bass drum tout petit, alors je me dis que ça va être assez mollo, que ça va nous faire un intermède avant Kelly Richey qui, je crois, déplace beaucoup d’air. Mais voilà, mollo n’existait pas dans ce qu’on a entendu hier soir.
Un spectacle tout slide, un bottle neck en métal, un guitariste harmoniciste qui ne fait pas dans la dentelle, quel show nous avons eu! Studebaker John Grimaldi aura 60 ans cet automne, il est né à Chicago, il y habite et Chicago ne sortira jamais de lui, quel beau son cru il produit avec sa guitare, jamais répétitif. Avec ses guitares, dois-je dire, il y en avait deux et la deuxième qu’il a déballée, une Teisco, m’a fait penser à un panneau électrique tellement il y a de boutons de contrôle. Je fais des blagues, mais quand Studebaker John a sorti cette guitare, le son a monté d’une coche dans le beat machine de guerre…
La chaise, c’était pour les slows qu’il a chantés assis, avec son harmonica inséré dans un micro, un deuxième micro pour chanter et sa guitare, toujours slide, en accompagnement. Des slows tels que Dark Night et Desease Called Love, où la basse et la batterie enveloppent l’harmonica, la guitare et la voix pour donner des beats lancinants. Les rythmes endiablés dont plusieurs bons Chicago Blues se sont aussi succédé à haute cadence, le décibel coulait dru dans la salle et les très longues chansons, beaucoup de guitare, peu de paroles devenaient des ambiances en elles-mêmes, des expériences à part entière.
Le guitariste était entouré de musiciens excellents, en particulier Kenny Coleman le batteur aveugle qui remplaçait le membre habituel et qui a, ma foi, une longue feuille de route avec plusieurs artistes reconnus tels que Johnny Mathis, Pinetop Perkins et Koko Taylor. Bob Halaj, le bassiste, a déjà joué de plusieurs instruments mais, affligé d’arthrite sévère, il lui reste la basse avec laquelle il peut encore s’exprimer, ce qu’il fait avec talent.
J’essaie de faire court et j’en aurais encore à dire mais, dans mon enthousiasme, j’ai déjà trop parlé. Cette incroyable série blues se poursuit à la Casbah.